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Le blog de danne

Récits de vie, mémoire et fiction, assortis de quelques réflexions. Dans l’attente de vos remarques, et, pourquoi pas, de vos propres récits. Rendez-vous à la rubrique « commentaires ».

Jours en blanc 2

Le retour,

 

 quand le confinement a fondu sur mes vacances printanières. 

Dans la bulle thermale où je me suis rendue début mars, comme chaque année, avec ma petite sœur, il y a bien eu des défections, nous sommes moins nombreux que d’habitude.  Quelques questions à l’arrivée, voyages en Asie ? En Italie ? Pour la forme. Le médecin plaisante, serre les mains. 

Jusqu’au 13 mars continuent de venir des fatigués de tout l’hexagone.
 On arrive encore du grand Est où l’on sait déjà, mais on ne veut pas savoir, ou pas trop. Elle vient de Moselle cette petite jeune que l’on retrouve avec plaisir. Elle vient d’arriver, a traversé péniblement la France. Elle vit à l’hôtel « Rêva » et démarre ses soins aux aurores, armée de son courage et de sa bonne humeur. Non, elle ne craint pas le virus, trop occupée à gérer le lourd handicap qui bousille sa jeunesse. 
Je m’inquiète encore d’une petite écorchure au genou et d’une douleur à l’épaule. 
Mais la vie est belle, on veut le croire. La maladie ? On verra bien. 

Des bruits commencent pourtant à courir.  Et puis le 12 le président a parlé, l’heure est grave, les écoles sont fermées dès lundi, pourtant personne n’y croit vraiment…

Le vendredi nous nous offrons une belle séance de cinéma…la dernière avant longtemps. 
Le samedi 14 , beau soleil, et si on faisait la voie verte ? J’hésite , Kiki m’encourage. Je n’ai jamais marché aussi bien. Demain au restaurant comme tous les dimanches.


 Mais pas de restaurant ce dimanche. Juste une petite promenade, la dernière, le temps s’est bien rafraîchi. 
Tout va très vite maintenant, le président parle de guerre, il faut rentrer. Notre petite Lorraine, à peine arrivée, s’affole.
C’est le sauve qui peut, régler vite les formalités. Le médecin ne plaisante plus en remplissant à la hâte les derniers papiers. 
Par précaution faire le plein. Les magasins sont bondés.
Et puis vite rentrer chez soi .
Il pleure, il pleut sur notre printemps.
Sauve qui peut sur les routes, retour au bercail, une semaine avant terme. 
Retour à ma toute nouvelle résidence où j’avais à peine eu le temps de m’habituer. Quelle vie m’y attend ?

 

Enfin arrivées sans encombre au parking. 
En catimini du parking à l’ascenseur. Un visage masqué salué à la sauvette.
Affiches dans l’ascenseur :  les visites sont interdites. On m’avait prévenue au téléphone quand j’ai annoncé mon retour.
En catimini de l’ascenseur à mes deux pièces. Fautive déjà d’y introduire ma sœur,  c’est elle qui m’a ramenée. Je la cache 24h. Valises et sacs circulent rapidement. J’évite de passer par l’accueil, et me signale par le téléphone interne.
Visites interdites, déplacements réduits, plus de rencontres, plus d’animations. Je n’ose  même plus m’aventurer dans les longs couloirs silencieux. 
En faute et en cachette. Et peut-être coupable de l’amener, ce satané virus, dans cet univers aseptisé, qui n’est plus que silence et blancheur ?


Il faudra pourtant que j’accompagne à l’ascenseur, comme en la chassant, ma petite sœur, elle qui m’a amenée à bon port ce jour étrange de la mise en confinement. 
J’aurais tant voulu faire durer ce temps que nous avons partagé ! Mais non, chacun confiné chez soi. Vite, qu’elle reparte munie de la toute nouvelle attestation, moi inquiète qu’on la découvre chez moi, elle inquiète des contrôles sur la route du retour. Vite il faut se séparer, on se racontera…
Tout finalement se passe bien. Bientôt nous échangerons sur nos vies confinées, à 100km de distance.
Quand nous reverrons -nous ?

 

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