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Le blog de danne

Récits de vie, mémoire et fiction, assortis de quelques réflexions. Dans l’attente de vos remarques, et, pourquoi pas, de vos propres récits. Rendez-vous à la rubrique « commentaires ».

Fête des mères 5

J’ai grandi avec la fête des mères. 

 

C’était une des plus belles si l’on excepte Noël. 
 
Un beau dimanche de mai, quelques souvenirs.

C’est la pleine saison des fleurs, les mêmes qui décorent les reposoirs des fêtes religieuses, ascension, Pentecôte, fête Dieu qui gravitent dans cette même fin de printemps. Mais la fête des mères c’est  notre jour à nous les enfants. A nous de décider et de la faire vivre cette fête, avec papa complice. Ce jour -là maman ne décide de rien, maman ne fait rien. 
Les fleurs d’abord. Au petit matin nous descendons au jardin pour y cueillir  quelques belles pivoines au rouge sombre qu’éclaire  l’orange vif des gueules de loup. 
Un dessin.
Le poème appris à l’école, Victor Hugo ou Émile Verharen,  soigneusement recopié et illustré.
Parfois une initiative. Une comptine tirée de mon illustré de patronage : « Violet indigo bleu vert jaune orange rouge… » l’arc en ciel qui symbolise toutes les vertus de notre maman chérie. A chanter sur l’air de « j’ai un beau château »,  j’entraine les petits dans la ronde. 
Le moment clef de la fête, c’est le repas .
Ce jour là maman ne cuisine pas. Papa prépare les steaks achetés le matin au boucher, comme tous les dimanches. Il rajoute  de la charcuterie, c’est jour d’abondance . Le reste ? Je  prépare moi-même une entrée de crudités  agrémentée de mayonnaise, que je suis  fière de réussir mieux que maman. Le gâteau ? Je ne m’en souviens pas. Si, peut-être, le goût m’en revient : une recette à base de biscuits Thé Brun trempés dans du café puis empilés entre des couches de crème au beurre. C’était ma spécialité, préparée à l’avance pour davantage de moelleux. Pas besoin de cuisson, un gâteau sans danger, une recette inratable. Peut-être aussi des fraises au dessert, cueillies le matin même au jardin.
Le cadeau enfin, la boîte  métallique  pleine de petits gâteaux Brun, achetée à l’épicerie du village avec nos petites économies. Les gâteaux nous en profiterons bien sûr, mais la boîte fera pour maman une belle boîte à couture.

Ce souvenir à la fois net et confus, est-il un ou plusieurs ? Il résume pour moi les fêtes des mères de mon enfance, bien avant que je jette un regard critique sur cette institution. Le détail le plus marquant reste l’interdiction faite à maman de toucher à ses casseroles ce jour là.
Il me revient cette année, rappelé à ma mémoire par l’avalanche des promesses publicitaires qui encombrent ma boîte mail depuis début mai : « offrez-lui un parfum », les fleurs bien sûr, la Poste émet un timbre spécial, la Redoute engage à rendre sa maman élégante à prix cassé. 

Puis j’ai grandi. 
Ma vie ne tourne plus autour de maman. 
La place de mère ne me semble plus aussi enviable. Pour moi je rêve d’autre chose.
La fête des mères ? si je continue de respecter les conventions, c’est avec un sourire en coin. Quand je suis loin, à Paris, une belle carte traverse la France. Un cadeau parfois comme ce joli sac d’été blanc envoyé par la poste qui, après avoir traversé la France,  arrive à bon port malgré un emballage endommagé.
Maman porte fièrement son joli sac les dimanches d’été.
 La fille absente se fait pardonner son éloignement et ses négligences.


***

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F
la fête des mères, celle qu'on fêtait, avec l'aide du père quand on était petit, jamais avec beaucoup d'argent. Un poème appris pour l'occasion, un vase acheté chez le commerçant d'en face. A cette occasion, j'étais tellement fière que j'avais dit le prix...et appris que ça ne se faisait pas
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